Lorsque j'ouvre les yeux, des kilomètres de campagne mouillée me saluent. Tout est vert clair, je le sais, mais une épaisse couche de cumulus gris se plait à tout assombrir. Le paysage est familier, d'une tristesse infinie, qui s'étend à la ville-bétadine là-bas, juste quelques pavés plus loin. Bach m'accompagne le temps de flotter jusqu'à l'arrêt de bus. J'emprunte l'apparence d'Elizabeth B. , cette fois-ci, et je ballade mes soucis au gré du vent glacial. "J'aimerais"...J'inscris ces mots sur une vieille page beige.

J'aimerais...Cette phrase est blanche et laiteuse, comme le matin où mon coeur a battu la chamade pour un inconnu tout de noir vêtu.
J'aimerais...Ecrire quelque chose pour chacun de mes semblables, écrire quelque chose pour vous surtout, une lettre froissée entourée d'un ruban, que je posterais avec l'air de m'être trompée d'époque. Cela vous ferait-il plaisir, je me demande? Je vous imagine dans votre salon, à essayer de déchiffrer mon horripilante écriture.
Sourire ou froncer les sourcils, laisser la lettre sur la table de la cuisine, dans un rayon de soleil. Oh, comme j'aimerais vous écrire quelque chose.


A qui voudriez vous écrire?

Oh et juste comme ça : un prénom masculin que vous aimez?