Avez-vous (avez vous déjà eu) un ami imaginaire?


On pourrait écrire, graver à l'encre, partout sur ma peau : Handle with care.
Parfois je suis fragile, je glisse sur la neige et me cogne à répétitions. Je verse des larmes cristallines, perd le fil de mes pensées, me retrouve à rougir en cours de grammaire, perdue. Elizabeth Bennet m'accompagne. Elle est là, un rang plus loin que moi, et je suis la seule à la voir. Elle me sourit doucement, puis tourne son regard vers la fenêtre. J'aimerais entendre de ses conseils. Nos deux coeurs de jeunes femmes battent à l'unisson, ils créent les même univers merveilleux qui croulent sous les livres, les rubans, les baisers de nos amants. Dans nos esprits rêveurs, les aubes son fraiches et s'étirent lentement comme des chats. Les crépuscules sont encore plus longs, ils croustillent sous la dent, inspirent des dizaines de poèmes et de lettres. Nous nous échangeons des pendentifs et des chaussures, des plumes et des carnets, des bibelots pour meubler nos imaginations. Parfois nous sommes fragiles, souvent en même temps. Mon amie d'un autre siècle s'éloigne dans la brume du soir. Nos au-revoirs sont mélancoliques. Je prends la main chaude de l'homme Thé. Son visage est encadré par des tâches de soleil et d'ombres des peupliers derrière nous. Ses yeux réchauffent la nuit toute entière.