Il n'existe pas de machines à remonter le temps. Voila une chose, entre des dizaines d'autres, qui me rassure. On remonte dans le temps derrière ses paupières, on revoit l'odeur du sable doux et on entends les bribes de nos intonations préférées. Ma chambre est noire comme de l'encre, comme le t-shirt que je porte en guise de "vêtement pour me réconforter". Sous ma commode aussi c'est noir, et de chaque côté de mes paupières, parce que je suis fatiguée. Mais sous la peau toute fine qui protège mes yeux, c'est vert et jaune et bleu, des couleurs d'été. ça, plus le rouge de nos bouches qui rigolent. Le rouge de ma glace à l'eau -parfum grenadine, j'insiste. Sous mes yeux fermés je vois un homme libre. Avec peut-être un t-shirt vert, et des dizaines de rubans dans son sac. J'hésite longuement sur sa préférence en matière de glaces à l'eau. Mais le plus important, c'est son sourire, jusqu'à son esquisse de fossette et sa barbe de quelques jours presque dorée. J'ai toujours été très sensible à la liberté, à la libération des gens. Je verse quelques larmes dans mon bouillon en souriant jusqu'à mes oreilles brûlantes. Mon coeur, est libre.

"J'ai toujours cru, pas vous ?" -Oh, si. Moi aussi.