Un été auparavant, j'étais une chatte sur un toit brûlant. Un toit Parisien en face du Père Lachaise ,touché par le crépuscule. Je m'accoudais aux briques rouges et je fermais les yeux, j'étais sereine, je vivais.
Puis la nuit, quand le brouhaha des restaurants en bas de la rue s'était adoucit, j'allais me coucher nue, et je n'avais que du jaune et du violet à la bouche. Je voulais du jus de citron, du sucre s'écoulant au fond de la gorge. Je voulais des larmes de plaisir sur mon visage, des baisers à de jolis endroits. Eros m'apparaissait en rêve, il m'offrait des sourires coquins et je pouvais bien dormir.
Le matin quand il faisait presque frais, à l'heure des croissants et des premiers échauffements des danseuses à l'Opéra, je tournoyais dans la ville inconnue en pensant à tous ces écrivains, tous ces poètes inspirés par les mêmes toits, les mêmes parcs, les mêmes panoramas que sous mes yeux. Je croisais du monde dans les rues, moitié imaginaire, moitié réel. J'avais les lèvres rouges à cause de la chaleur, du désir caché dans les plis de mes blouses en mousseline blanche. Je voulais croquer avec gourmandise dans les épaules des beaux garçons. Parfois, en ralentissant mes pas, je me demandais si quelqu'un pouvait comprendre les mécaniques de mon esprit, les recoins roses de jeune fille libre. Mais en levant les yeux, je voyais l'horizon couleur crème glacée. Je repartais en souriant. L'espoir se trouve, -entre autres-, dans la glace en été, et dans les hivers au blanc neigeux,éblouissant.


Passez une bonne soirée, une nuit sans nuages. J'aimerais veiller sur votre sommeil.