vendredi 22 novembre 2013

Nous nous étions pressées dans le tout petit bureau de cet homme très grand, intimidées et rougies par le froid. Cela sentait le chocolat et le vieux papier. La large fenêtre donnait sur une étrange perspective de la ville, toute en toits et feux de cheminées. La conversation s'était filée et défilée comme une pelote de laine dans un panier.. Je l'avais laissée faire. J'avais regardé les murs vert menthe tout autour de moi . Ils étaient couverts de posters, tous écrits dans une langue différente. Je repérais l'arabe, le russe,le flamand, l'italien, l'allemand,le thai, l'anglais, et une bonne demi-douzaine d'autres langages que je ne réussis pas à identifier. Soudain le téléphone sonna, mélodie cristalline sortie de nulle part. Pas le genre de sonnerie de téléphone habituelle, si vous voulez savoir. Le très grand homme dans son tout petit bureau se leva d'un coup, et sa tête toucha presque le plafond. Il décrocha le combiné et se mit à rire sans s'arrêter pendant une bonne dizaine de minutes. Puis il raccrocha et revint s’asseoir devant nous, rayonnant.

"C'était Port-Au-Prince." dit-il.

Dehors, un coin de ciel bleu se détacha des nuages secs.

"Qu'est-ce que nous disions...? Ah oui, les clés. Oui, nous vous donnons des clés. Nous vous donnons des clés pour que vous puissiez ouvrir des portes, vous me comprenez?"

J'hochais la tête en souriant. Je le comprenais parfaitement.

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